Salaire

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  • Modes de salarisation

Il y a plusieurs modes de rémunération du travail:

- la qualification du travailleur est pratiquée dans la fonction publique. Elle permet de détacher le travail (aussi bien dans sa dimension concrète que dans sa dimension abstraite, économique) de la rémunération et permet, ce faisant, d'avoir un travail déconnecté de toute considération lucrative

- la qualification du poste est le mode de rémunération le plus pratiqué dans le privé. C'est alors l'employeur qui prend l'avantage puisqu'il peut désigner les travailleurs qui auront accès à la qualification du poste, ce qui le met dans un rapport de force, ce qui lui permet d'imposer la logique lucrative aux employés.

- la qualification du poste a pourtant été une avancée par rapport à la rémunération à la force de travail. Dans la rémunération à la force de travail, il n'y a plus de convention collective, de barème, il n'y a plus que l'angoisse du journalier qui essaie de remplir sa gamelle en fonction du travail qui est disponible ou non. Le journalier va alors exécuter n'importe quel ordre, accepter n'importe quelle condition de travail sous la pression de la nécessité. L'employeur est alors tout-puissant. Ce chantage, cette position de pouvoir absolue de l'employeur permet d'externaliser les risques de la production sur l'employé (c'est éminemment pro-cyclique, cela renforce les tendances des cycles économiques), et transforme sa vie en lutte permanente, en concurrence permanente sans que vienne s'immiscer quelque droit que ce soit pour tempérer l'exploitation.

  • Origine des salaires

Les salaires sont issus de la valeur ajoutée. Rappelons ce qu'est la valeur ajoutée:

Nous nous situons exclusivement dans le cadre de la valeur d'échange, sans considération pour la valeur effective des choses, des productions, du fruit du labeur humain. Ce n'est pas que ces considérations n'aient pas d'importance, c'est que la valeur ajoutée n'intègre pas ces points de vue dans sa définition, dans son fonctionnement.

Nous avons une valeur d'échange qui évolue comme suit dans le processus de production du fait de l'emploi. Au départ, nous avons des frais et, à l'arrivé, un prix de vente auquel le marché voudra bien acquérir le bien ou le service.

La différence entre le prix d'arrivée (P) et les frais de départ (F) constitue la valeur ajoutée créée par les producteurs. Ou pour le dire autrement:

(1)

La valeur ajoutée elle-même se répartit entre différents postes:
- Les salaires (S)
- Les investissements (I)
- Les dividendes (D)

Chacun appelle un commentaire:
- Les salaires sont eux-mêmes constitués de
  • salaires individuels bruts et leurs impôts
Ce sont les salaires révélés par la fiche de paie. En France, ils représentent 700 milliards d'€ sur les 2.000 du PIB, de la valeur ajoutée totale (35%)
Il s'agit des cotisations sociales, aussi bien 'patronales' que 'employés'. La différence entre les deux est purement politique. En fait, qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre, on a affaire à un salaire social, à un acquis conquis par les salariés et non à une propriété des employeurs. La distinction a permis de légitimer la présence patronale dans les organismes de gestion de cette cotisation sociale. Ils n'ont évidemment rien à faire puisqu'il s'agit, répétons-le, d'un salaire.
Source à consulter sans modération 
La partie salariale, les salaires sont donc la partie de la valeur ajoutée qui est octroyée aux producteurs. Les salaires comprennent aussi bien une partie individuelle que socialisée. La partie socialisée permet aux producteurs de produire de la valeur ajoutée en dehors de la convention capitaliste de l'emploi. À ce titre, un économiste comme Bernard Friot considère le salaire social comme un déjà-là révolutionnaire. En tous cas, ils permettent d'affranchir les producteurs du joug de l'emploi.

La partie de la valeur ajoutée produite par les producteurs qui ne leur est pas reversée leur est volée. Les dividendes sont volées aux producteurs mais aussi les investissements. Ces investissements ne leur seraient pas volés si les producteurs disposaient d'une propriété d'usage sur le fruit de leur travail.

  • Le salaire minimum
 Dans le rapport de force entre le travail et le capital, il arrive que les travailleurs aient le dessus et qu'ils imposent des lois sociales, ce qu'on appelle des conquis sociaux.

Un des conquis sociaux les plus importants, c'est le salaire minimum, le salaire en-dessous duquel on ne peut pas être rémunérés. Il peut être horaire ou mensuel mais, comme il est basé sur un emploi à temps plein, il peut être contourné en payant un temps partiel pour des prestations plein-temps comme c'est le cas à La Poste en Belgique, par exemple, ou comme c'est le cas pour les distributeurs de publicités en France.

Image mise en ligne par le Courrier International
Nos pistes: nous sommes contre l'emploi et pour le salaire, il faut donc

- dissocier le salaire de l'activité professionnelle et le lier à la qualification personnelle (l'employeur disparaît et, avec lui, la criminelle avidité de l'actionnaire)

- aligner les salaires européens sur les plus élevés, les salaires luxembourgeois.