Capital

Le capital est une forme morte du travail quand le travail vivant est une forme vivante du capital. Le capital est un à-valoir sur la valeur qui sera créée par le travail (dans l'emploi ou non). Avec le capital, on peut acheter la valeur produite par le travail (quelle qu'en soit la forme). Pour être pédagogique, on peut imaginer un seul être humain qui concentre tout l'argent du monde: il ne pourra rien en faire si personne ne vend de marchandise et, spécifiquement, si personne ne vend de marchandise-emploi. Son argent sera alors une pure abstraction sans sens, sans effet.

L'achat peut être consenti sous forme d'investissement, de salaire ou de consommation.

Le taux de profit mondial a baissé jusque 1975 (c'était les 'trente glorieuses' - qui ne l'étaient sans doute pas pour tout le monde) et a remonté depuis sous la pression des politiques de compression du salaire (répression sociale - diminution et 'activation' des allocations de chômage - recul de l'âge de la retraite - baisse des cotisations sociales et des salaires poche - sabotage du droit social, etc). En dépit du sacrifice de millions de producteurs, en dépit de la misère rampante en Europe et aux États-Unis depuis quarante ans, la crise du taux de profit n'a jamais vraiment pu être surmontée avec ces mesures cruelles. Ceci plaide pour une baisse tendancielle structurelle du taux de profit, un phénomène lié à l'accumulation pour Rosa Luxemburg. Pour elle, cette baisse du taux de profit signe la fin du capitalisme et appelle le socialisme ou la barbarie comme après (source de l'image, http://www.wikirouge.net/Taux_de_profit)

  • Le cycle du capital

Le capital investi (C) devient marchandise (M). La marchandise par le travail acquière une valeur supplémentaire, une valeur ajoutée. La marchandise transformée (M') a une valeur d'échange supérieure à celle de la marchandise M, elle est vendue et redevient un capital (C') dont la valeur a augmenté par rapport au capital initial C.

Le cycle se résume par:
(1)
C-M-M'-C'

En filigrane, on peut également dégager le cycle de la marchandise: la marchandise (M) est transformée en capital, elle est vendue. Ce capital (C) est partiellement (C') transformé en nouvelles marchandises (M'), les investissements.

(2)
M-C-C'-M'

La marchandise change de nature, de forme et, surtout, de valeur via le capital. Le capital sert de vecteur à la transformation de la matière. En regardant la transformation du monde que porte la logique du capital, on peut en comprendre la religiosité, les ressorts profonds.

  • Le cycle élargi du capital
À chaque cycle décrit ci-dessus, le capital augmente. Une partie de cette augmentation est consacrée à l'investissement, ce qui, à chaque cycle, augmente en valeur absolue et en valeur relative l'importance de l'investissement par rapport au salaire dans la structure du capital dépensé.

Le capital C se décompose en salaires (individuels et sociaux) et en investissements. La part des investissements augmente dans la structure du capital ce qui n'est pas sans poser problème puisque les salaires - notamment les bas salaires - sont réalisés, sont dépensés intégralement, ce qui n'est pas le cas des hauts salaires et des dividendes.

L'insuffisante réalisation du capital qui résulte de cette restructuration du capital au fil des cycles aboutit à un manque de liquidité en circulation dans l'économie. Comme les dépenses se contractent - en valeur relative puis même en valeur absolue - les marchandises ne trouvent plus preneurs ou leurs prix baissent.

Il s'agit alors d'une crise de surproduction. Elle génère le chômage de masse, la déflation et, éventuellement, la famine alors que les silos sont pleins.

  • Le capital comme fétiche
Le capital sert d'étalon à la comparaison entre deux marchandises. De ce fait, il participe de la religion de l'interchangeabilité, de l'absence de propriété des choses. Cette absence de qualité construit un monde. Le monde du capital-marchandise définit un rapport au monde particulier dont la marchandise est le fétiche. Fétiche d'une prospérité, signe du bonheur et dieu intraitable et veau d'or.

La marchandise définit un monde où le travail est rapide et prolétarisé. La marchandise définit un monde où le désir est associé aux avoirs, aux signes du bonheur. La marchandise définit un monde où la qualité est remplacée par la quantité.

Une fois acquise, la marchandise peut servir de signe de prospérité ou de frigo à valeur, de faire-valoir potentiel sur le travail d'autrui. Aussi bien le signe de prospérité que l'à-valoir sur le travail avenir ne fonctionnent que parce que les gens y croient.

Mais le stockage de valeur est opposé au processus permanent de création de valeur. Le stockage est une peur de l'avenir, une pulsion du même, une pulsion de mort alors que la production est un processus vivant.

Ce stockage et l'accumulation combinée construisent une mystique impossible. On ne peut indéfiniment accumuler les signes de droits sur une production dont la production n'est, elle, pas infinie.

  • Le capital comme médiation de rapport de force social
Le capital, via l'investissement et la propriété lucrative, construit un rapport particulier à la production: l'emploi. Celui-ci (et son doublon, le chômage) dessine une société de domination particulière. La propriété lucrative donne le droit au vol de la valeur produite dans l'emploi alors que l'emploi implique la dictature économique et sociale.

Le producteur ne peut décider ce qui se produit, comment les choses sont produites et pour quoi. Il doit se plier aux techniques de management, au salaire de misère, à la nature de la production, aux horaires, aux rythmes et à l'organisation du travail sans pouvoir prendre part aux décisions qui le concernent.

  • Le coût du capital

Voir la petite vidéo du PCF ici.

Sans entrer dans les considérations financières (voir surtravail à ce sujet), il nous faut répéter ce que coûte le pouvoir du capital aux producteurs:

- leur temps devient rare, la vie de famille et les contacts entre amis sont rendus difficiles

- leur soumission à des supérieurs et à une logique de rentabilité mine leur moi, leur confiance en eux et leurs capacités relationnelles, ils deviennent étrangers à ce qu'ils sont, des wasichus.

- leur santé est dégradée par les rythmes de travail excessifs, par les techniques de management néfastes pour la santé psychique

- leur environnement est dégradé par l'externalisation des coûts qu'impose la logique du profit du capital

- la créativité du travail est tuée par les techniques industrielles de production

- les techniques de production, les savoirs-faire culturels ou artisanaux tombent dans l'oubli

- la misère créée par le capital, les infrastructures publiques de transport qu'il impose sont payées par le contribuable - principalement, les producteurs via l'impôt - ce mode de financement appauvrit les salariés et augmente la nécessité de se vendre sur le marché de l'emploi.